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XXe dimanche du temps ordinaire (A)

Action de grâce, glorification, louange et adoration !



Salomon dédicace le Temple de Jérusalem,

James TISSOT (Nantes, 1836 - Buillon, 1902),

Gouache sur carton, 26, 2 × 19 2 cm, 1896-1902,

Jewish Museum, New-York (U.S.A.)


Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 56, 1.6-7)

Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »


Psaume 66 (67), 2-3, 5, 7-8

Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que ton visage s’illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ; tu gouvernes les peuples avec droiture, sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore !


Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 11, 13-15.29-32)

Frères, je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 15, 21-28

En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.


Le peintre

James Tissot est un peintre peu connu en France, même si une très belle exposition vient de lui être consacrée en 2020, pourtant il est à l’origine d’une œuvre exceptionnelle représentant, un peu comme le fit Gustave Doré, de nombreux épisodes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui eurent un énorme succès à l’époque. Le côté un peu « pompier » de ses illustrations est certainement à l’origine de sa désaffection.


James (originairement Jacques Joseph) Tissot, peintre, graveur français. Il a grandi dans un port, une expérience que l’on retrouve dans ses dernières peintures situées à bord d’un navire. Il déménagea à Paris vers 1856 et est devenu élève de Louis Lamothe et d’Hippolyte Flandrin. Il fit ses débuts au Salon en 1859 et a continué à exposer avec succès jusqu'à ce qu'il gagne Londres en 1871.


Ses premières peintures illustrent les obsessions romantiques du Moyen Âge, tandis que des travaux tels que la Réunion de Faust et Marguerite (1861, Paris, Musée d'Orsay) et Marguerite aux rameaux (1861) montrent l'influence du peintre belge, le Baron Henri Leys. Au milieu des années 1860, Tissot abandonne ce type d’œuvres en faveur de sujets contemporains, parfois avec une intention humoristique, comme dans Two Sisters (1864, Paris, Musée du Louvre) et Beating the Retreat in the Tuileries Gardens (1868, collection privée). La peinture Jeunes dames regardant les objets japonais (1869, collection privée) témoigne de son intérêt pour l’Orient (1869, collection privée), profitant de cet attrait particulier lors du Directoire. Peut-être fut-il aussi influencé par les frères Goncourt. Tissot a recréé l'atmosphère des années 1790 en habillant ses personnages en costume historique.


Après avoir participé à la guerre franco-prussienne, il est resté dix ans à Londres, où il était très apprécié pour ses scènes de genre (par exemple, The Ball on Shipboard). En 1882, il se rend en Palestine. À partir de 1888, il vit une révélation religieuse et se consacre dès lors jusqu'à la fin de sa vie à des sujets bibliques, nourrissant son art d'observations effectuées lors de voyages en Palestine et à Jérusalem : ces œuvres chrétiennes largement éditées en français et en anglais lui assurent alors une grande renommée.


James Tissot finit sa vie dans le château familial de Buillon dans le Doubs : il y meurt le 8 août 1902. Sa notoriété est plus grande en Angleterre ou en Amérique qu'en France et l'on a pu dire qu'il était plus présent dans les histoires du costume que dans les histoires de la peinture, mais on redécouvre en France l'art de la mise en scène qu'il démontre dans ses tableaux et une subjectivité décelable derrière les sujets mondains et les peintures de genre qui retient l'attention.


Ce que je vois

Il est assez difficile de situer la scène dans le Temple de Jérusalem lorsque l’on regarde le plan à l’époque de Salomon :



De fait, il était interdit au roi d’entrer dans le Saint des Saints, réservé au Grand Prêtre. On peut donc penser que la scène se déroule à l’extérieur, sur le parvis où se trouvent le bassin de bronze et l’autel des sacrifices. Ce dernier est précédé d’un rang de marches qui mènent jusqu’à la zone sacrificielle. Derrière, on aperçoit la grande vasque de bronze portée par les douze bœufs. Il semble, par contre, que la colonnade soit due à l’imagination de notre artiste, puisqu’elle correspondrait plutôt au troisième Temple.


Au pied des marches, les notables et prêtres sont rassemblés et s’inclinent devant Dieu à l’invitation du roi. Celui-ci, bras levés en signe d’invocation, appelle la bénédiction du Seigneur. Cette liturgie est un continuel échange entre le roi qui implore Dieu et le peuple qui soutient cette demande royale par les réponses extraites du psaume.


Le psaume


Présentation de Marié-Noëlle THABUT, « L’intelligence des Écritures, volume II, Année A)


Avant de lire le psaume de ce dimanche, il faut imaginer le cadre : nous assistons à une grande célébration au Temple de Jérusalem : à la fin de la cérémonie, les prêtres bénissent l'assemblée. Et le peuple répond : « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble ! » Et donc ce psaume se présente comme une alternance : les phrases des prêtres et les réponses de l'Assemblée sont un peu comme des refrains.


Les phrases des prêtres elles-mêmes s'adressent tantôt à l'assemblée, tantôt à Dieu : cela nous désoriente toujours un peu, mais c'est très habituel dans la Bible. La liturgie de ce vingtième dimanche ne nous en propose qu'une partie, ce qui le rend moins compréhensible ; mais comme il est très court, il vaut la peine de le lire en entier :


02 Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ;

03 et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations.

04 R / Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !

05 Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ; tu gouvernes les peuples avec droiture, sur la terre, tu conduis les nations.

06 R / Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !

07 La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit.

08 Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l'adore !

Louange, rendre gloire, adoration et action de grâce

Peut-être nous est-il difficile de différencier ces mots. Pourtant, ils représentent chacun une notion particulière.


L’action de grâce : L'action de grâce est, selon le lexique de la Conférence des évêques de France, « une attitude de reconnaissance envers Dieu » : l'homme « comblé de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans le Christ » reconnaît de quel amour il est aimé de Dieu et l'en remercie. L'expression française « action de grâce » traduit le mot grec ευχαριστία (eucharistia) dans le Nouveau Testament et dans la Septante (traduction grecque de l'Ancien Testament).


Rendre gloire : « Glorifier » Dieu, c'est lui rendre gloire. Le terme gloire, en référence à Dieu, dans l'Ancien Testament, a une connotation de grandeur et de splendeur. Le terme traduit par « gloire » dans le Nouveau Testament signifie « dignité, honneur, louange et adoration ». En assemblant les deux, on comprend que glorifier Dieu, c'est reconnaître sa grandeur et lui rendre honneur en le louant et l'adorant car lui seul en est digne. La gloire de Dieu est l'essence même de sa nature et le glorifier implique de le reconnaître.


Louer Dieu : C’est dans le Nouveau Testament que la louange trouve son accomplissement, car c’est là où la révélation de Dieu concernant la louange prend son sens le plus complet. La chose la plus importante à retenir est que la louange de Dieu dans le Nouveau Testament n’est plus assignée à un lieu ou à un certain moment, ni à un rituel particulier. L’adorateur doit être quelqu’un qui loue Dieu en esprit et en vérité.


En conséquence :

  • La liberté apportée par la mort et la résurrection du Christ, introduisant le début de la Nouvelle Alliance, a permis que la louange puisse se vivre au travers de formes aussi diverses que variées. Il n’y a plus, dans le Nouveau Testament, de règles concernant la pratique de l’adoration, et ceci permet à des gens de toutes langues, de toutes nations et de toutes cultures de pouvoir prendre part au culte de Dieu, les obstacles culturels formés par les rituels du judaïsme n’étant plus normatifs. L’adoration de Yahvé est devenue globale de par son absence de forme réglementée dans le Nouveau Testament.

  • La louange « en esprit et en vérité », n’étant plus basée autour du rituel, devient une affaire du quotidien, de chaque instant. Quiconque prétendra adorer Dieu convenablement veillera à ce que chacune de ses actions reflète la valeur de celui-ci. On n’offre plus de sacrifices, mais plutôt son être tout entier à Dieu.

Adorer Dieu : Malgré un lien étroit essentielle entre ces deux notions, l'Église catholique opère, dans le Catéchisme de l'Église Catholique, une légère distinction entre les deux.

« L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Elle exalte la grandeur du Seigneur qui nous a fait (cf. Ps 95, 1-6) et la toute-puissance du Sauveur qui nous libère du mal. »
« La prière de louange, toute désintéressée, se porte vers Dieu ; elle le chante pour Lui, elle Lui rend gloire, au-delà de ce qu’il fait, parce qu’Il EST. »

Dans notre prière

Il faut bien reconnaître que notre prière est souvent bien plus limitée. « Merci, pardon, s’il te plaît », voire « je t’aime » en sont souvent les seuls termes. Et encore, plutôt dans cet ordre : S’il te plaît, pardon, merci, je t’aime. Ces deux derniers mots, merci et je t’aime, sont en fait une façon de rendre grâce et d’adorer. Mais souvent, un peu pauvre. Car, pour ne parler que de l’action de grâce, le merci, il n’arrive que si nous avons obtenu ce que nous avions demandé dans le « s’il te plaît ». Mais il est rarement gratuit. Et si c’est le cas, comme devant un beau paysage, il est assez fugace. Une des raisons est peut-être que nous avons imposé à notre prière des limites.


Des limites

La principale limite, et non des moindres, est cette sorte de carcan dans lequel nous avons enfermé la définition de la prière. Pour beaucoup, elle correspond à un moment précis, dans un lieu choisi, avec des mots définis et une attitude respectable. Au point que l’on risque non pas de prier mais de « dire des prières » ! En fait, qu’est-ce que prier ? Sur le site du « Jour du Seigneur », je peux lire :

La prière est le moyen qui entretient l’amitié de l’homme avec son Dieu, comme deux amis qui s’aiment : c’est l’objet de la prière. Elle est obligatoire pour un chrétien car, en renforçant son lien avec Dieu, elle va l’affermir dans l’état de grâce. Elle l’aidera aussi à moins pécher. Pour Saint Alphonse : « celui qui ne prie pas se damne, celui qui prie se sauve ».

Il me semble que prière et geste d’amour sont identiques. Comme foi et amour tiennent du même principe. J’aime celui en qui je crois et je crois en celui que j’aime et qui m’aime. Ça c’est la foi. Une foi amoureuse, comme un couple peut la vivre. Et ce n’est pas pour rien que l’Église parlera, au sujet du mariage, que l’amour du couple doit être à l’image de l’union sponsale du Christ et de son Église ; c’est-à-dire que homme et femme doivent s’aimer comme le Christ aime les hommes. Sacré programme ! mais programme assez éclairant.


Un programme amoureux

En effet, dans un couple, il ne suffit pas de s’aimer. Il faut aussi entretenir cet amour, comme un feu que l’on charge de combustible pour éviter qu’il ne s’éteigne. Si foi et amour ne sont que deux faces d’un même désir, prière et gestes d’amour (qui seront ici les vertus théologales et cardinales) en sont le combustible.


Comment un couple pourrait-il tenir dans l’amour s’il n’ont pas l’un pour l’autre des regards, des paroles, des cadeaux, des gestes, des sourires, des attentions, des inquiétudes, des baisers, etc ? À terme, sans cela, l’amour risque de s’étioler jusqu’à extinction. Il en est de même de notre relation à Dieu. Oui, nous aimons Dieu. Oui, nous savons qu’il nous aime personnellement et avec une intensité dont nous ne sommes pas capables. N’est-il pas vrai, même entre nous, que nous avons souvent l’impression que notre amour n’est pas à la hauteur de l’autre, de ce que l’on voudrait ressentir ? N’est-il pas vrai que nos difficultés humaines, notre péché altère cette relation ?


Par analogie, nous pourrions reprendre les mêmes termes au sujet de notre relation à Dieu…


Comment un chrétien pourrait-il tenir dans l’amour s’il n’a pas pour son Dieu des regards, des paroles, des cadeaux, des gestes, des sourires, des attentions, des inquiétudes, des baisers, etc ? N’est-il pas vrai que nous avons souvent l’impression que notre amour n’est pas à la hauteur de celui de Dieu, de ce que l’on voudrait ressentir ? N’est-il pas vrai que nos difficultés humaines, notre péché altère cette relation (« Éclaire aussi l'envers du cœur où le péché revêt d'un masque de laideur ta ressemblance » comme le chante Didier Rimaud) ?


Si l’amour et la foi d’un couple sont à l’image de l’amour et de la foi envers Dieu, il en est de même pour le combustible qui entretient cet amour ! Mais pour aller plus loin dans cette analogie, comprenons bien que nous ne nous imposons pas des limites dans nos gestes d’amour. Bien sûr, nous gardons de la décence, mais aucun horaire n’est fixé pour se dire « je t’aime », ni un nombre maximum autorisé quotidiennement ; les cadeaux ne se limitent pas (du moins, je l’espère) aux dates anniversaires (que nous oublions…) ; les paroles ne sont pas confinées, ni les gestes, les sourires, les regards, etc. Quand on s’aime, l’amour embrase tout comme le rappelle saint Paul dans ce texte que nous entendons à tant de mariage (1 Co 13, 7-8)) : « L’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais ! »


Donc, pour que notre amour envers Dieu ne passe jamais, pour que notre prière ne soit pas « airain qui résonne ou cymbale retentissante », alimentons notre feu spirituel.


Sublime

J’ajouterai, néanmoins, que notre feu peut brûler partout. Bien sûr, il brûle d’autant mieux quand nous sommes dans une église, ou lors d’une prière communautaire, ou à l’horaire que nous nous sommes fixé pour prier. Mais pourquoi ne brûlerait-il pas quand nous sommes en voiture (Ps 26, 11 : « Enseigne-moi ton chemin, Seigneur, conduis-moi par des routes sûres »), quand nous nous promenons (Ps 148, 5-9 : « Qu'ils louent le nom du Seigneur : sur son ordre ils furent créés ; c'est lui qui les posa pour toujours sous une loi qui ne passera pas. Louez le Seigneur depuis la terre, monstres marins, tous les abîmes ; feu et grêle, neige et brouillard, vent d'ouragan qui accomplis sa parole ; les arbres des vergers, tous les cèdres ; les montagnes et toutes les collines »), et même quand nous sommes au lit (Ps 126, 2 : « Dieu comble son bien-aimé quand il dort » ? Rien ne doit nous empêcher de tourner notre regard vers le Seigneur (Ps 104, 4) : « Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face ». Il n’est pas de limite à la prière, car elle est sublime (sub + limis : au-delà de toute limite !).


Le combustible

J’en reviens donc aux quatre notions évoquées plus haut : rendre grâce, rendre gloire, louer et adorer. Voilà quatre bûches à ajouter à notre feu afin d’éviter d’utiliser trop les deux premières bûches « S’il te plaît » et « pardon » !

  • Apprenons donc à rendre grâce en toutes circonstances, et même sans raison (Ps 9a, 2) : « De tout mon coeur, Seigneur, je rendrai grâce, je dirai tes innombrables merveilles. » Ces (et ses) merveilles ne sont-elles pas continuellement sous nos yeux ? Ouvrons les yeux sur la beauté de la nature, ou celle d’un visage ; sur les facilités de vie qui nous sont offertes ; sur la joie d’avoir un toit, un travail, une famille, etc. Sur la joie de participer à une eucharistie, une action de grâce, là où je lui rends toutes les grâces reçues de la semaine. Pour nous-mêmes (Ps 138, 14) : « Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis : étonnantes sont tes oeuvres toute mon âme le sait. » Et tout simplement sur notre foi, de savoir que Dieu EST et qu’il me dit (Is 43, 4) : « Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime. »

  • Apprenons à lui rendre gloire. Je ne connais de meilleurs mots que ceux du psaume 147 :

12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !

13 Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ;

14 il fait régner la paix à tes frontières, et d'un pain de froment te rassasie.

15 Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.

16 Il étale une toison de neige, il sème une poussière de givre.

17 Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ?

18 Il envoie sa parole : survient le dégel ; il répand son souffle : les eaux coulent.

19 Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël.

20 Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ; nul autre n'a connu ses volontés. Alléluia !

  • Apprenons à le louer. Toute la création chante sa louange et attend la rédemption (Rm 8, 22-23 : « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. » Louons-le avec les mots du psaume 112 :

01 Alléluia ! Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur !

02 Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles !

03 Du levant au couchant du soleil, loué soit le nom du Seigneur !

04 Le Seigneur domine tous les peuples, sa gloire domine les cieux.

05 Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? Lui, il siège là-haut.

06 Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre.

07 De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre

08 pour qu'il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple.

09 Il installe en sa maison la femme stérile, heureuse mère au milieu de ses fils.

  • Et enfin, adorons le Seigneur avec le psaume 133 :

01 Vous tous, bénissez le Seigneur, vous qui servez le Seigneur, qui veillez dans la maison du Seigneur au long des nuits.

02 Levez les mains vers le sanctuaire, et bénissez le Seigneur.

03 Que le Seigneur te bénisse de Sion, lui qui a fait le ciel et la terre !


Que notre vie soit prière, prière de demande, prière de supplication, prière de pardon mais aussi prière d’action de grâce, de glorification, de louange et d’adoration. Alors, nous pourrons dire avec saint Paul :

  • Romains 8, 26-27 : « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. »

  • Galates 2, 20 : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. »

Une image

Dans l’évangile, on rencontre souvent des hommes et des femmes qui ont perdu quelque chose d’important, comme une perle, un trésor ou une brebis, et qui ensuite rendent grâce à Dieu quand ils l’ont retrouvée. Prenons un exemple pour nous-mêmes. Peut-être que notre bien le plus précieux est… notre santé. Vous avez des ennuis de santé. Alors, vous demandez de l’aide au Seigneur (S’il te plaît). Mais vous savez aussi que vous n’avez pas assez pris soin de vous (Pardon). Et, contre toute attente, vous voilà guéri ! Serait-ce un miracle ? Comment ne pas rendre grâce à Dieu ? Et vous voilà bien obligé de reconnaître sa grandeur et sa force, de lui rendre gloire, et de partager votre joie à tous pour qu’il en soit glorifié. Tous vos amis, avec vous, vont alors louer le Seigneur pour ses bienfaits. Maintenant, il est à vos côtés, continuellement, et pour cela, vous l’adorez.


Et peut-être, pour conclure, devriez-vous avoir dans votre poche un psautier… Jésus a prié avec les psaumes, les religieux les chantent tout au long de la journée. Je suis sûr qu’ils pourraient agréablement et suavement vous nourrir !





Méditation de l'évangile (Lc 11, 1-4) par le père François Lestang


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : “Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.” »


Méditation Père François Lestang

Comment vous adressez-vous à Dieu, dans votre cœur ? Si vous l’appelez « Seigneur », vous reconnaissez son autorité, tant sur vous que sur le monde. Si vous l’appelez « Eternel », vous affirmez qu’il dépasse nos limitations temporelles, qu’il ne change pas. Si vous l’appelez « Tout Puissant », ne serait-ce pas pour dire à quel point il est tout autre que nous, simples humains, dans sa puissance ? Mais peut-être l’appelez-vous d’une autre manière : « rocher », « bouclier », « source vive », « esprit »… Il y a tant de manières de s’adresser à Dieu.


Mais quand Jésus veut enseigner à ses disciples comment prier, le nom qu’il choisit de leur proposer n’est aucun de tous ceux-là, mais seulement celui de Père. Avant lui, le prophète Isaïe s’était exclamé « c’est toi notre père ! Abraham ne nous connaît pas, Israël ne nous reconnaît pas. C’est toi, Seigneur, notre Père ; « notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom » (Is 63,14 ).


Dire à Dieu « Père » c’est nous situer dans un rapport de type familial, en appelant à la responsabilité de celui qui nous a engendrés, ou qui nous a adoptés comme ses propres enfants, pour que nous ayons la vie au sein de son intimité.


Saint Paul écrit, dans sa lettre à l’église de Rome, que Dieu voulait que son Fils unique devait être le premier-né d’une multitude de frères, et qu’il leur a donné l’Esprit même de son Fils, pour qu’ils puissent l’appeler « Abba », comme Jésus.


Dire que Dieu est Père, c’est confesser que je compte pour lui, puisqu’il m’a choisi comme son enfant. Mais c’est aussi être sûr que je peux compter sur sa présence, son autorité, son intervention pour les besoins essentiels de ma vie. Alors, en frère de Jésus, je peux me confier à Dieu ce matin, avec ma reconnaissance et tous mes besoins, matériels et spirituels.



Dietrich Bonhoffer, Le livre des prières de la Bible, Labor et Fides, 2007, p. 107-108.

Les disciples s'adressèrent à Jésus en ces termes, reconnaissant ainsi ne pas savoir prier par eux - mêmes. Ils doivent apprendre. Apprendre à prier, cela nous semble paradoxal. Selon nous, ou bien le cœur, déborde au point de se mettre à prier spontanément, ou il n'apprendra jamais. Mais c'est une dangereuse erreur, aujourd'hui certes largement répandue parmi la chrétienté, de penser que le cœur est par nature apte à prier. Nous confondons alors la prière avec les désirs, les espoirs, les soupirs, les lamentations et les allégresses - dont le cœur est capable naturellement. Et du même coup nous confondons la terre et le ciel, l'être humain et Dieu. Car prier n'est pas simplement synonyme de déverser son cœur. Prier cela signifie trouver le chemin vers Dieu et lui parler, que le cœur soit comblé ou vide. Et cela, nul ne le peut spontanément, sans l'aide de Jésus-Christ.


Les disciples veulent prier, mais ne savent pas comment s'y prendre. Vouloir parler à Dieu et ne pas pouvoir, être réduit au silence face à Dieu, sentir l'écho de tous nos appels se perdre dans notre propre moi, réaliser que le cœur et la bouche parlent un langage inapproprié que Dieu ne veut entendre - tout cela peut être source de grande souffrance. Un tel désarroi nous conduit à la quête d'experts en prière susceptibles de nous aider. Si l'un de ceux-là, qui peut prier, voulait bien nous entraîner dans sa propre prière, s'il nous permettait de la partager avec lui, alors nous trouverions du secours ! Des chrétiens expérimentés peuvent certes nous être d'une grande aide dans ce domaine, mais il ne le peuvent que grâce à celui qui doit les aider eux-mêmes, Jésus-Christ, à qui ils nous renvoient s'ils sonde bons maîtres de la prière. Que le Christ nous permette de partager sa prière, de l'accompagner dans son cheminement vers Dieu, qu'il nous apprenne à prier et nous sommes libérés de la souffrance de ne pas savoir prier.C'est précisément ce que veut Jésus-Christ. Il veut prier avec nous. Partageons sa prière et nous pouvons dès lors être assurés et heureux d'être entendus par Dieu. Notre prière est bonne si nous adhérons de toute notre volonté et de tout notre cœur à la prière du Christ. Nous ne pouvons prier qu'en Jésus-Christ; avec lui nous serons exaucés.


C'est donc ainsi que nous devons apprendre à prier. L'enfant apprend à parler parce que son père lui parle. Il apprend le langage du père. De la même manière. nous apprenons à parler à Dieu parce que Dieu nous a parlé et nous parle. C'est grâce au langage du Père des cieux que ses enfants apprennent à lui parler. Reprenant les propres paroles de Dieu, nous commençons à le prier. Dieu nous écoutera si nous utilisons pour lui parler, non le langage confus et faux de notre cœur, mais celui clair et pur que lui-même a utilisé pour nous parler en Jésus-Christ.


trouvons le langage de Dieu en Jésus-Christ dans l'Ecriture sainte. Si nous voulons prier avec joie et assurance la parole de l'Ecriture sainte devra être le fondement solide de notre prière. En ayant recours à elle, nous savons que c'est Jésus-Christ, la Parole de Dieu, qui nous apprend à prier.


Les paroles qui viennent de Dieu sont les marches qui nous achemineront vers lui.



Saint Colomban, Abbé de Luxeuil, Instructions spirituelles 13, 2-3.

Frères, suivons notre vocation. À la source de la vie nous sommes appelés par la vie ; cette source est non seulement source de l’eau vive, mais de la vie éternelle, source de lumière et de clarté. D’elle en effet viennent toutes choses : sagesse, vie et lumière éternelle.


L’auteur de la vie est la source de la vie, le créateur de la lumière est la source de la clarté. Aussi, sans regard pour les réalités visibles, cherchons par-delà le monde présent, au plus haut des cieux, la source de l’eau vive, comme des poissons intelligents et bien perspicaces. Là nous pourrons boire l’eau vive qui jaillit pour la vie éternelle.


Veuille me faire parvenir jusqu’à cette source, Dieu de miséricorde, Seigneur de bonté, et que là je puisse boire, moi aussi, avec ceux qui ont soif de toi, au courant vivant de la source vive de l’eau vive.


Qu’alors, comblé de bonheur par cette grande fraîcheur, je me surpasse et demeure toujours près d’elle, en disant : « Qu’elle est bonne, la source de l’eau vive ; elle ne manque jamais de l’eau qui jaillit pour la vie éternelle ! »


Ô Seigneur, tu es, toi, cette source qui est toujours et toujours à désirer, et à laquelle il nous est toujours permis et toujours nécessaire de puiser.


Donne-nous toujours, Seigneur Jésus, cette eau, pour qu’en nous aussi elle devienne source d’eau qui jaillit pour la vie éternelle. C’est vrai : je te demande beaucoup, qui le nierait ? Mais toi, Roi de gloire, tu sais donner de grandes choses, et tu les as promises. Rien de plus grand que toi, et c’est toi-même que tu nous donnes, c’est toi qui t’es donné pour nous.


Aussi est-ce toi que nous demandons, afin de connaître ce que nous aimons, car nous ne désirons rien recevoir d’autre que toi. Tu es notre tout : notre vie, notre lumière et notre salut, notre nourriture et notre boisson, notre Dieu.


Inspire nos cœurs, je t’en prie, ô notre Jésus, par le souffle de ton Esprit, blesse nos âmes de ton amour, afin que chacun de nous puisse dire en vérité : Montre-moi celui que mon cœur aime, car j’ai été blessé de ton amour.


Je souhaite que ces blessures soient en moi, Seigneur.


Heureuse l’âme que l’amour blesse de la sorte : celle qui recherche la source, celle qui boit et qui pourtant ne cesse d’avoir toujours soif tout en buvant, ni de toujours puiser par son désir, ni de toujours boire dans sa soif. C’est ainsi que toujours elle cherche en aimant, car elle trouve la guérison dans sa blessure.


De cette blessure salutaire, que Jésus Christ, notre Dieu et notre Seigneur, bon médecin de notre salut, veuille nous blesser jusqu’au fond de l’âme.


À lui, comme au Père et à l’Esprit Saint, appartient l’unité pour les siècles des siècles. Amen.



Augustin d’Hippone, Soliloques I, I, 2-3 d’après la traduction de la Bibliothèque Augustinienne, p. 27-29.

Dieu, qui n’a donné qu’aux cœurs purs de connaître le Vrai ; Dieu, Père de la Vérité, Père de la Sagesse, Père de la Vie véritable et plénière, Père du bonheur, Père du bon et du beau, Père de la lumière intelligible, Père de notre réveil et de notre illumination…


C’est Toi que j’invoque, Ô Dieu Vérité, Source, Principe, Auteur de la vérité de tout ce qui est vrai ; Dieu Sagesse, Principe, Auteur de la sagesse de tout ce qui est sage ; Dieu Vie véritable et plénière, Source, Principe, Auteur de la vie de tout ce qui vit véritablement et pleinement ; Dieu Béatitude, Source, Principe, Auteur du bonheur de tout ce qui est heureux ; Dieu du Bien et du Beau, Source, Principe, Auteur du Bien et du Beau dans tout ce qui est bon et beau ; Dieu Lumière intelligible, Source, Principe, Auteur de la lumière intelligible dans tout ce qui brille de cette lumière ; Dieu, dont le royaume est cet univers que les sens ignorent ; Dieu, dont le royaume trace leurs lois aux royaumes de ce monde ; Dieu, de qui on ne se détourne que pour choir, vers qui se tourner c’est se lever de nouveau, et en qui demeurer c’est trouver un solide appui ; sortir de toi, c’est mourir ; revenir à toi, c’est revivre ; habiter en toi, c’est vivre ; Dieu que nul ne perd s’il n’est trompé, que nul ne cherche sans appel préalable, que nul ne trouve s’il ne s’est purifié d’abord ; Dieu, dont l’abandon équivaut à la mort, la recherche à l’amour, la vie à l’entière possession ; Dieu, vers qui la foi nous pousse, vers qui l’espérance nous dresse, à qui la charité nous unit ; Dieu, par qui nous triomphons de l’Ennemi, C’est à Toi que j’adresse ma prière.

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