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IVe Dimanche du Temps Ordinaire (C)

Nul n’est prophète… -



Jésus prêche à la Synagogue de Capharnaüm,

Gustave Doré (Strasbourg, 1831 – Paris, 1883),

Gravure sur bois d'Adolphe Pannemaker et Albert Doms,

Planche hors texte imprimée dans La Sainte Bible selon la Vulgate,

Traduction nouvelle de l'abbé Jean-Jacques Bourassé avec les dessins de Gustave Doré,

A. Mame et fils (Tours), 1866, 2 vol. Tome II : Nouveau testament,

Réserve des livres rares, Smith Lesouëf R-6283,

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France)


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 21-30)

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.


L’artiste

Gustave Doré naît à Strasbourg en 1832. Enfant précoce, il réalise dès l'âge de cinq ans ses premières caricatures. En 1845, ses premiers dessins sont lithographiés par un imprimeur. En 1847, de passage à Paris avec ses parents, il présente quelques dessins à l'éditeur Charles Philipon. Alors qu'il a seulement quinze ans est publié son premier album de lithographies satiriques, Les Travaux d'Hercule. Il contribue également cette même année au "Journal pour rire", lancé par Philipon à la fin de l'année 1847. À la mort de son père en 1849, le jeune Gustave doit subvenir aux besoins de sa mère et ses deux frères. Il poursuit son travail d'illustrateur et publie plusieurs albums. Il se passionne ensuite pour l'illustration de classiques littéraires et c'est en 1854, avec la publication des Œuvres de Rabelais illustrées, qu'il se fait connaître. En 1855, la publication des Contes drolatiques de Balzac illustrés, confirme son talent d'illustrateur. Il commence également à présenter quelques peintures.


En 1861, la publication de L'Enfer de Dante chez Hachette signe le début de la gloire pour Gustave Doré. L'illustrateur est parfaitement intégré dans les milieux mondains et gagne même une notoriété européenne. Il publie en 1866 une autre de ses œuvres majeures, La Sainte Bible illustrée. En 1869, l'ouverture à Londres de la Doré Gallery, où sont exposées ses œuvres, confirme son importante notoriété. Durant la Commune en 1871, il se retire à Versailles. Il continue également à peindre en cherchant la même reconnaissance, qu'il n'aura pas de son vivant. Il meurt en 1883 à Paris.


La Bible selon la Vulgate

C'est à l'édition illustrée de La Sainte Bible selon la Vulgate, publiée par Alfred Mame, à Tours, en 1866, que Gustave Doré doit sa notoriété hors des frontières françaises, l'ouvrage ayant été édité ensuite dans de nombreuses villes européennes et aux États-Unis. Pour ces deux volumes in-folio de grand luxe, destinés à une clientèle bourgeoise, Doré réalise 312 dessins dont 294 ont été gravés et 265 utilisés.


La prédilection de Doré pour les sujets religieux, déjà manifeste dans quelques peintures antérieures, trouve ici à s'exprimer pleinement. L'illustrateur donne toute sa mesure dans les visions épiques et les scènes à la théâtralité grandiloquente de l'Ancien Testament, se complaisant dans les effets de foule, les paysages grandioses, les scènes dramatiques, servis par de puissants effets de clair-obscur. Fortement ancrées dans l'imaginaire collectif, ces images ont connu une fortune immense : certaines ont été utilisées comme support de prédication par les pasteurs anglais, d'autres ont été projetées en dioramas, d'autres enfin seront la source de péplums bibliques américains du cinéma des années 1950.


Ce que je vois

Un bâtiment de pierre. Devant une porte en plein cintre, sur une marche, entouré d’hommes âgés au regard soucieux, un homme, drapé dans un manteau, tel un orateur romain, semble défier cet aréopage empli de sa supériorité. Jésus, le doigt dressé, désigne le ciel d’où il vient. Il est la Parole. Non pas simplement un orateur, un bretteur, mais la Parole de Dieu qui s’est faite chair, humanité.


Tous le dévisagent, ou échangent des regards complices et accusateurs entre eux. Cet homme gêne. Cette homme vient contester leur autorité, il vient saper les bases de la religion. C’est un révolutionnaire dangereux. Pourtant, quelques versets auparavant, la foule s’étonnait et lui rendait témoignage. Ce ne sont sûrement pas les mêmes. Le petit peuple a dû aimer cette parole simple et pleine d’espérance. Les simples et les pauvres ont dû se réjouir de cet « aujourd’hui ». Enfin, ne plus attendre, le salut est à notre porte. Pas pour demain, mais pour aujourd’hui…


Tout aurait pu en rester là. Mais Jésus semble vouloir les provoquer. C’est lui qui déclenche cette joute verbale : « Sûrement, vous allez me dire… » Alors qu’ils n’avaient rien demandé ! Il ne les laisse même pas répondre. Il les provoque, il en rajoute. Il vient leur dire qu’ils n’ont rien compris. Jésus est presque choquant ici ! Voilà qu’il attaque ceux qui étaient en train de boire ses paroles. Ils étaient pourtant émerveillés : cet enfant du pays était devenu prophète. Et voilà que ceux qu’il pouvait convertir, amener au salut, voilà qu’il les provoque et les retourne contre lui ! Pourquoi (et pour quoi) ? Pourquoi fait-il cela ?


Je reconnais avoir peu de réponses toutes faites. Mais il me semble que Jésus précède la réaction qu’il sent poindre. Il devine qu’ils vont lui demander d’en faire autant dans son village natal qu’il n’en a fait ailleurs. Jésus sent poindre cette tentation d’enfermer la grâce, de décider du miracle, de tenir Dieu et son pouvoir en nos pauvres mains humaines. Ça me rappelle ce qu’une personne me disait un jour lors d’un pèlerinage : « Priez à la quatrième station, c’est là qu’ont lieu les miracles ! » Comme si on pouvait enfermer Dieu dans nos simples désirs ! Et si Dieu décidait ce jour-là de faire un miracle à la 7ème station ? Et s’il décidait de ne pas faire de miracles ?


Il est deux choses que Dieu n’est pas : une machine « plaisir d’offrir » et un scotch… Je m’explique. Vous connaissez ces machines que nous avions dans nos foires. Une pièce, on tirait la manette d’un petit tiroir, et l’on obtenait un joli cadeau en plastique ! Eh bien, Jésus n’est pas cette machine qui offre si j’ai glissé une pièce. « J’ai tellement prié et Dieu ne m’a pas exaucé… » On ne dirige pas la grâce, on la reçoit gratuitement. On le l’achète pas, on l’accueille. Il n’est pas un scotch non plus qui nous serait toujours attaché, que nous pourrions saisir dès que nous en avons besoin, en prenant grand soin de l’oublier lorsqu’il ne nous semble plus utile… Dieu serait plutôt une savonnette… Vous savez, celle qu’on a sous la douche. À chaque fois que vous voudrez le saisir, il s’échappera. À chaque fois que vous aurez les mains tendues, il restera. Ouvrez les mains. N’ayez pas la tentation de les serrer sur ce que vous estimez être dû !


L’émerveillement devrait être de savoir que nous pouvons nous convertir, que le salut est à notre portée. Et c’est bien ce que Jésus dit :

  • La grâce qui avait été faite à Israël a été transmise aux païens, à tous…

  • Le pain qu’Élie demandait à la veuve de Sarepta vous est retiré pour être donné à tous dans l’eucharistie…

  • L’eau qui sauve vous est coupée pour être diffusée aujourd’hui dans le baptême…

Mais pour cela, convertissez-vous et croyez à la bonne Nouvelle. Nazareth son village, aurait dû être le premier à entendre cette Parole. Eh bien non ! Nazareth est le signe du refus d’Israël de suivre une grâce nouvelle, une grâce qui sorte des sentiers ordinaires. Un refus qui mènera à la Passion… Et pourtant, comme pour Naaman le Syrien, rien de difficile ne nous était demandé, aucune action à la force du poignet. Simplement accueillir la grâce, accueillir cette parole, accueillir ce salut, accueillir cet homme…


Eux se sont enfermés dans leurs conceptions, dans leur image de la religion, dans les règles à tenir. Ils se sont bâtis une prison religieuse. Ils sont prisonniers d’eux-mêmes. Lui… il passe… et il passe librement au milieu d’eux… Jésus jouit de cette profonde liberté intérieure, car il n’a qu’une seule perspective : faire la volonté de son Père. Cette libération, il peut nous l’apporter. Cette libération s’appelle l’espérance. L’espérance qui n’est pas pour demain, mais pour aujourd’hui.


Je vous laisse sur deux grands auteurs qui nous brossent ce qu’est l’espérance…

« L’espérance, voilà le mot que je voulais écrire. Le reste du monde désire, convoite, revendique, exige, et il appelle tout cela espérer, parce qu’il n’a ni patience, ni honneur, il ne veut que jouir et la jouissance ne saurait attendre, au sens propre du mot ; l’attente de la jouissance ne peut s’appeler une espérance, ce serait plutôt un délire, une agonie. D’ailleurs, le monde vit beaucoup trop vite, le monde n’a plus le temps d’espérer. La vie intérieure de l’homme moderne a un rythme trop rapide pour que s’y forme et mûrisse un sentiment si ardent et si tendre, il hausse les épaules à l’idée de ces chastes fiançailles avec l’avenir. L’idée de Guillaume d’Orange qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre est mille fois plus vraie que ne le croyait sans doute ce grand homme. L’espérance est une nourriture trop douce pour l’ambitieux, elle risquerait d’attendrir son cœur. Le monde moderne n’a pas le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver. Ce sont les pauvres gens qui espèrent à sa place, exactement comme les saints aiment et expient pour nous. La tradition de l’humble espérance est entre les mains des pauvres, ainsi que les vieilles ouvrières gardent le secret de certains points de dentelles que les mécaniques ne réussissent jamais à imiter. »

Les enfants humiliés, Georges Bernanos



Commentaire de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444) sur le prophète Isaïe, Sur le prophète Isaïe, 5, 5, PG 70, 1352 1353

Le Christ a voulu amener à lui le monde entier et conduire à Dieu le Père tous les habitants de la terre. Il a voulu rétablir toutes choses dans un état meilleur et renouveler, pour ainsi dire, la face de la terre. Voilà pourquoi, bien qu'il fût le Seigneur de l'univers, il a pris la condition de serviteur (Ph 2,7). Il a donc annoncé la bonne nouvelle aux pauvres, affirmant qu'il avait été envoyé dans ce but. Les pauvres, ou plutôt les gens que nous pouvons considérer comme pauvres, sont ceux qui souffrent d'être privés de tout bien, ceux qui n'ont pas d'espérance et sont sans Dieu dans le monde (Ep 2,12), comme dit l'Écriture.


Ce sont, nous semble-t-il, les gens venus du paganisme et qui, enrichis de la foi dans le Christ, ont bénéficié de ce divin trésor : la proclamation qui apporte le salut. Par elle, ils sont devenus participants du Royaume des cieux et compagnons des saints, héritiers des réalités que l'homme ne peut comprendre ni exprimer. Ce que, d'après l'Apôtre, l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1 Co 2,9).


A ceux qui ont le coeur brisé <>, le Christ promet la guérison et le pardon des péchés, et il rend aussi la vue aux aveugles. Comment ne seraient-ils pas aveugles, alors qu'ils adorent une créature, qu'ils disent à un morceau de bois : "Tu es mon père ", et à une pierre : "Tu m'a mis au monde" (Jr 2,27) et qu'ils ne reconnaissent pas Celui qui est Dieu véritable et par nature ? Leur coeur n'est-il pas privé de la lumière divine et spirituelle ? A eux, le Père envoie la lumière de la vraie connaissance de Dieu. Car, appelés par la foi, ils l'ont connu; plus encore, ils ont été connus par lui. Alors qu'ils étaient fils de la nuit et des ténèbres, ils sont devenus enfants de la lumière car le jour les a illuminés, le Soleil de justice s'est levé pour eux, et l'étoile du matin leur est apparue dans tout son éclat.


Rien pourtant ne s'oppose à ce que nous appliquions tout ce que nous venons de dire aux descendants d'Israël. Eux aussi, en effet, avaient le coeur brisé, ils étaient pauvres et comme prisonniers, et remplis de ténèbres. <> Mais le Christ est venu annoncer les bienfaits de son avènement, précisément aux descendants d'Israël avant les autres, et proclamer en même temps l'année de grâce du Seigneur et le jour de la récompense.


L'année de grâce, c'est celle où le Christ a été crucifié pour nous. Car c'est alors que nous sommes devenus agréables à Dieu le Père. Et nous portons du fruit par le Christ, comme lui-même nous l'a enseigné, en disant : Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne un fruit plus abondant (Jn 12,24). Il dit encore : Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes (Jn 12,32). En vérité, il a repris vie le troisième jour, après avoir foulé aux pieds la puissance de la mort. Puis il a dit aux saints disciples : Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28,18-19).


Prière

Seigneur notre Dieu, ton Fils, venu pour accomplir les Écritures, a été rejeté par les siens. Ouvre nos coeurs à sa parole, même lorsqu'elle nous déconcerte. N'est-il pas le prophète, celui qui parle en ton nom et nous apporte ton message de grâce. Lui qui règne.



Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912


Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.

Et je n'en reviens pas.

Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.

Cette petite fille espérance.

Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu.

Les trois vertus mes créatures.

Mes filles mes enfants.

Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.

De la race des hommes.

La Foi est une Épouse fidèle.

La Charité est une Mère.

Une mère ardente, pleine de cœur.

Ou une sœur aînée qui est comme une mère.

L'Espérance est une petite fille de rien du tout.

Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.

Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.

Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.

Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne.

Peints.

Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.

Puisqu'elles sont en bois.

C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.

Cette petite fille de rien du tout.

Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

[...]


Mais l'espérance ne va pas de soi.

L'espérance ne va pas toute seule.

Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce.

[...]


La petite espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle.

Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance s'avance.

Entre ses deux grandes sœurs.

Celle qui est mariée.

Et celle qui est mère.

Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention que pour les deux grandes sœurs.

La première et la dernière.

Qui vont au plus pressé.

Au temps présent.

À l'instant momentané qui passe.

Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a de regard que pour les deux grandes sœurs.

Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.

Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.

La petite, celle qui va encore à l'école.

Et qui marche.

Perdue entre les jupes de ses sœurs.

Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.

Au milieu.

Entre les deux.

Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.

Les aveugles qui ne voient pas au contraire.

Que c'est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.

Et que sans elle elles ne seraient rien.

Que deux femmes déjà âgées.

Deux femmes d'un certain âge.

Fripées par la vie.


C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.

Car la Foi ne voit que ce qui est.

Et elle elle voit ce qui sera.

La Charité n'aime que ce qui est.

Et elle elle aime ce qui sera.

La Foi voit ce qui est.

Dans le Temps et dans l'Éternité.

L'Espérance voit ce qui sera.

Dans le temps et dans l'éternité.

Pour ainsi dire le futur de l'éternité même.

La Charité aime ce qui est.

Dans le Temps et dans l'Éternité.

Dieu et le prochain.

Comme la Foi voit.

Dieu et la création.

Mais l'Espérance aime ce qui sera.

Dans le temps et dans l'éternité.


Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité.


L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.

Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera

Dans le futur du temps et de l'éternité.


Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.

Sur la route montante.

Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance.

S'avance.

Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l'air de se laisser traîner.

Comme une enfant qui n'aurait pas la force de marcher.

Et qu'on traînerait sur cette route malgré elle.

Et en réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres.

Et qui les traîne.

Et qui fait marcher tout le monde.

Et qui le traîne.

Car on ne travaille jamais que pour les enfants.


Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.




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