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XVIIe Dimanche du temps ordinaire (A)

Où ai-je caché ma perle ?



Parabole du trésor caché,

Gérard (ou Gerrit) Dou (Leyde, 1613 – Leyde, 1675),

Huile sur toile, vers 1630, 70,5 × 90 cm,

Collection Esterházy, Szépművészeti Múzeum,

Musée des Beaux-Arts (Budapest, Hongrie)


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13, 44-52

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ». Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »


Le peintre

Gerrit (également orthographié Gérard) Dou, peintre hollandais. En 1628, il devint le premier élève du jeune Rembrandt et réalise ses premières œuvres en s’appuyant sur le travail de son Maître, à un tel point que l’on mélange parfois les deux peintres dans l’attribution des peintures. Après que Rembrandt ait déménagé à Amsterdam, Dou a développé un style propre, peignant généralement de petits formats, marqués par une surface dont la douceur donne une impression de couleur émaillée. Il était très attentif à ses outils et ses conditions de travail, avec une horreur particulière de la poussière. Certaines de ses images ont même été peintes à l'aide d'une loupe.


Les sujets abordés sont nombreux, mais Dou est surtout connu pour les intérieurs domestiques. Ils ne contiennent généralement que quelques personnages encadrés par une fenêtre ou par le drapé d'un rideau, entourés de livres, d'instruments de musique ou d’objets domestiques, tous minutieusement représentés. Mais ce sont surtout les scènes éclairées par la lumière artificielle où il se montre le meilleur.


Avec Jan Steen, Dou faisait partie des fondateurs de la Guilde de Saint Luc à Leyde en 1648, et plus particulièrement l'école des fijnschilders (peintres fins). Contrairement à Steen, il fut prospère et respecté tout au long de sa vie, et ses œuvres ont toujours étaient recherchées (à des prix toujours plus élevés que ceux payés pour le travail de Rembrandt) à un tel point qu’il a longtemps influencé le goût de son époque par la netteté et la précision de son style.


Dou a eu un atelier prospère accueillant de nombreux élèves qui ont perpétué son style. De plus, Leyde est resté, jusqu’au XIXème siècle, la ville de la peinture religieuse, ce qui a contribué à sa notoriété et à la diffusion de ses œuvres que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreux musées.


Ce que je vois

La scène se déroule en pleine nature, ce qui est plutôt rare pour ce peintre. Sous un ciel gris se détache au loin une petite ville, au pied d’une montagne surmontée, à droite, de ce que l’on devine être l’entrée d’un château ou de remparts. Sur un rocher, l’homme à genoux a posé son manteau noir, sa gourde de peau et son sac à repas en osier. Devant lui, plusieurs objets précieux reposent sur une toile pour les envelopper. On distingue une belle cruche en métal ouvragé, un pot typiquement hollandais, des plats décorés, etc. Bref… son trésor. De la main droite, il tient une pelle et tourne son regard inquiet vers l’arrière, comme pour vérifier que personne ne l’a remarqué. L’homme, déjà âgé, illustre ici parfaitement la parabole : après avoir découvert son trésor, il part le cacher, l’enterrer aux yeux de tous. Mais pourquoi cacher ce trésor s’il l’a déjà trouvé ?


Une curieuse parabole…

Quand on la relit attentivement, il y a de quoi être surpris… trop souvent, nous écoutons l’Évangile d’une oreille distraite et manquons quelques petites clés, discrètement disséminées par le Christ. En effet, imaginez qu’en vous promenant dans la nature, vous voyiez affleurer au sol des objets précieux de grande valeur. Iriez-vous du même pas courir chez le propriétaire, puis le notaire pour acheter au plus vite le champ afin de récupérer le trésor. Ou vous êtes honnête et vous signalez au propriétaire ce que vous avez découvert (et en ce cas, vous en gardez même la moitié !), ou vous êtes malhonnête et, soit vous prenez discrètement le trésor et rentrez chez vous, soit vous faites comme dans l’Évangile. Mais en ce dernier cas, vous n’avez pas dit au propriétaire que son champ valait plus que ce que vous alliez lui en donner…


La deuxième partie de la parabole, au sujet de la perle, est tout aussi surprenante, mais plus honnête. Le négociant est prêt à tout vendre pour acheter la plus belle des perles. On peut le comprendre. Mais en ce cas, son négoce va se terminer là ! Il aura sa perle, mais plus aucun revenu possible, plus aucune disponibilité. Seule sa perle, qu’il voudra garder pour lui et non la négocier. Ce que l’amour et la passion sont capables de faire ! Au point d’en perdre toute raison… Blaise Pascal visait juste quand il disait :

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

Mais n’oublions pas qu’il ne parlait pas à ce sujet de l’amour, mais de la foi… La foi a un « fonctionnement » qui n’est pas comparable à celui de l’intelligence. Il est vrai que c’est la même chose pour l’amour, car l’amour est-il autre chose que d’avoir foi, confiance et fidélité en l’autre ?


Il y a enfin cette troisième partie sur la pêche angélique, si vous me permettez cette association de termes ! En reprenant cette image du pêcheur qui au retour à terre trie les poissons, Jésus nous raconte qu’il en sera ainsi aux Fins dernières. Ce seront les anges qui prendront tous les hommes dans leurs filets et feront le tri entre les bons et les méchants. Là, pas trop de difficultés à comprendre, ni même à interpréter. Simplement une sorte d’avertissement pour le futur.


Pour finir, il y a cette sentence conclusive : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » Elle est quelque peu obscure… Du moins, sortie de son contexte. Peut-être il y-a-t-il un enchaînement, une progression, une concaténation dans les histoires ?


Chaîne de paraboles

J’ai comme l’impression que le Royaume des Cieux est décliné en trois temps : passé, présent et futur. Ou ancien, actuel, nouveau. Il concerne tout le temps, il est de tous les temps, il s’adresse à moi dans toute mon histoire. Ainsi, ce trésor est peut-être déjà enfoui en mon âme. Il y est depuis l’origine. Il est au plus intime de moi-même. Mais il me faut chercher, pas simplement me promener. Je dois le trouver.


Le trésor dans le champ : déjà là…

Si j’imagine que ce champ est ma vie, celle que je dois entretenir et cultiver (dans tous les sens du terme), je peux comprendre que dès ma conception, Dieu y a déposé un trésor de grâce et de sainteté. Mais ce trésor est caché à mes yeux. Il me faut le chercher, le découvrir. N’est-ce pas une belle image de notre vie spirituelle ? Ne dois-je pas par la prière, les sacrements et le regard de mes frères essayer de discerner le trésor que Dieu a caché en moi ? Et, tels les talents ou les mines, le faire fructifier, le porter à son apogée ? N’est-ce pas la mission qu’il m’a donnée ? Certes oui. Mais la parabole a aussi un autre sens, plus secret…


En effet, pourquoi alors le cacher de nouveau ? Peut-être parce qu’il n’est pas simplement mes qualités, mes charismes à faire fructifier pour les autres. Comme le disait le Père Sevin :

Il ne s’agit pas d’être meilleur que les autres, mais meilleur pour les autres…

Peut-être, et même sûrement, que ce trésor précieux et ma relation secrète avec le Tout-Puissant, ma relation d’amour privilégiée, personnelle, intime. Et cela doit rester caché. Il ne serait pas bon de l’étaler, aux yeux de tous. Il faut faire preuve d’une pudeur certaine sur notre vie d’amour avec Dieu. C’est notre trésor, et le brader aux yeux de tous reviendrait à oublier l’avertissement de Jésus (Mt 7, 6) :

Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.

Cacher de nouveau le trésor, c’est faire preuve de cette pudeur, de cette intimité avec le Christ. Le trésor est déjà là, depuis longtemps… Cherchez-le !


Une perle… d’aujourd’hui !

Un trésor déjà là depuis longtemps… Un autre pour aujourd’hui : la perle. En effet, quand j’ai trouvé mon trésor, quand j’ai découvert en moi le Royaume des cieux qui m’est promis, comment ne pourrais-je pas tout vendre pour l’obtenir ? Comment ne pas arrêter de négocier ma vie et me donner entièrement à cette perle ?


Ainsi, quand j’ai découvert le Christ habitant au plus profond de moi-même, même si je veux en partager les fruits aux autres, il est devenu la perle de ma vie, la perle inestimable. Et pour elle, j’arrête le négoce, humain et spirituel. Je me dépouille de tout pour l’obtenir. Je m’oublie moi-même pour elle. Jésus le dit à de nombreuses reprises dans l’Évangile : tout laisser, tout abandonner, ne pas se retourner pour le suivre, sans hésiter, sans réfléchir… Pensez à tous les appels qu’il lance aux disciples et à ceux qui furent touchés par sa Parole. Tout laisser sur place pour Lui.


Là est l’enjeu. Et, vous le savez, Jésus ne fait pas dans la demi-mesure… Un peu comme Thérèse de Lisieux à qui l’on demandait quel cadeau elle choisissait au pied de l’arbre de Noël : « Je veux tout ! » Jésus veut tout de moi. Pas des petits morceaux… C’est radical, c’est-à-dire qu’il m’appelle à retourner à la racine de ma foi et de mon engagement… Quel qu’il soit… Totalement ! Je vous rappelle cette « menace » faite par le Fils de l’Homme à l’Église de Laodicée (Ap 3, 15-16) :

Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant – mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche.

Aujourd’hui, Dieu me demande de conserver ma perle dans un cœur brûlant ! Et ce, pour ce qui va advenir : la grande pêche finale…


La dernière pêche à venir…

Un Trésor déjà là, une perle à conserver aujourd’hui, pour un « à venir », un avènement. Car ce sera certainement là le critère de sélection des bons ou mauvais poissons : qu’as-tu fait de ta perle, du trésor que j’avais déposé en toi ? Qu’as-tu fait de l’Amour ? La question, redondante en Matthieu 25 (le jugement dernier) pourrait se synthétiser dans ce mot de Jean de la Croix (1542-1591) :

À la fin de notre vie nous serons jugés non pas sur ce qu’on a fait mais sur la quantité d’Amour que l’on a mis pour faire ce que l’on a à faire.

Oui, l’avenir tient en ses mots : que vais-je faire de la perle précieuse déposée en mon âme ? Alors, peut-être, pouvons-nous mieux comprendre la sentence conclusive du Christ.


De l’ancien et du neuf

C’est le dernier ajout, conclusif, voire explicatif fut-il abscons, aux paraboles, de Jésus :

C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien.


Le scribe est celui qui écrit la Parole, comme son nom l’indique. Il est aussi celui qui cherche (c’est le sens du Midrash, de la racine darash - דָּרַשׁ : chercher), qui cherche pour découvrir et comprendre. Ainsi, nous devrions tous être des scribes, et en ce sens, c’est bien à chacun de nous que Jésus s’adresse. Si nous sommes devenus disciples de sa Parole, et alors, du Royaume des cieux, si nous avons cherché le trésor et trouvé la perle, que nous la conservons précieusement, nous sommes comparables à ce maître de maison qui tire de son trésor du neuf de l’ancien. Que veut-il dire ? Tout simplement qu’alors nous devenons maître de notre maison, de tout notre être, corps, âme et esprit. Maître de notre maison qui renferme le trésor de la présence de Dieu, notre perle. Et de ce trésor, nous pouvons en tirer de l’ancien, tout ce que nous avons déjà découvert, toute notre nature adamique. Et du nouveau : cette espérance nouvelle, cet appel à la sainteté. Tout est déjà en potentialité en nous. Dieu nous a tout donné. Il n’attend simplement que nous en prenions soin, que nous le menions à son terme.


C’est là notre appel de chrétien : tirer de nos vies, par Lui, avec Lui et en Lui, du neuf et de l’ancien ! Alors, avant de chercher à prendre soin de nous… prenons soin de Lui en nous !



Prendre soin de Toi en moi…

Je viens de lire une des revues du Carmel de France : Vives flammes (n°304 de septembre 2016), et un article m’a particulièrement frappé (Prendre soin de Toi en moi, Dominique Espagno, carme). Je vous en livre un long extrait :


Prendre soin de Toi en moi, mon doux et tendre Jésus, dans ce monde où il y a tant de haine, de mépris et d’indifférence pour Toi alors que Tu comptes sur chaque homme pour révéler Ton visage au monde, pour « laisser monter vers Toi, Seigneur, le bruit de notre terre pour l’accueillir dans ton silence, et faire descendre sur nous ta paix », alors qu’on « ne comprend rien à la civilisation moderne si l’on admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ». Prendre soin de Toi en moi avec Marie, qui la première T’a accueilli en elle, prendre soin de Toi avec tant de saints (…)


Prendre soin de Toi en moi parce que le chemin c’est Quelqu’un, c’est Toi, mon doux et tendre Jésus, parce que « devant moi Tu as ouvert un passage », Tu m’as libéré comme Tu as libéré le peuple élu de l’esclavage, et que je ne serai jamais aussi libre que quand je vivrai totalement dans Ta dépendance : « je veux t’appartenir à Toi seul, j’accueille ton joug, ton fardeau ne me pèse pas : il me soulève »… Parce que sans Toi l’homme n’est que « cette recherche inquiète, cette insatisfaction, ce sentiment de vide derrière les choses, cette fermeture à la vie et ces ruminations sans fin ». Et le pauvre homme moderne cherche à combler ce vide par des moyens matériels de plus en plus nombreux : des sons continuels (du réveil à l’autoradio), une saturation d’images, toutes sortes d’addictions, une consommation effrénée, une fuite dans le travail ou les loisirs. Et le pauvre homme moderne cherche à combler sa solitude par des moyens de communication de plus en plus performants : voici qu’il peut maintenant converser avec la planète entière à travers l’écran tellement plat de son ordinateur, mais ce qu’il ressent derrière cet écran, c’est le néant. Or l’homme sera toujours insatisfait tant qu’il n’aura pas compris que « ce vide derrière les choses » ne peut être comblé par « des choses » mais par Quelqu’un, par Toi Jésus, vrai homme et vrai Dieu. « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher. »


Parce que c’est Toi qui es venu combler l’abîme que je croyais exister entre Dieu et moi, qui m’as révélé la proximité de Dieu, « plus intime que l’intime de moi-même ». Pour cela il faut Te rencontrer, un contact, le plus souvent ténu, le plus souvent perceptible seulement par la trace qu’il laisse dans un cœur devenu brûlant. (…)


Prendre soin de Toi en moi parce que la Vérité, c’est Quelqu’un, c’est Toi, mon doux et tendre Jésus. Parce que Tu es la Parole du Père, le Verbe incarné et qu’en Toi tout a été dit. Et que toute autre quête de la Vérité est vaine : « Ne te cherche qu’en Moi, ne Me cherche qu’en toi. » (…)


Prendre soin de Toi parce que la Vie, c'est Quelqu'un, c'est Toi, mon doux et tendre Jésus. La Vie véritable et non cette vie sans profondeur, cette vie « à plat », cette vie sans fin que le monde nous propose ! Cette vie sans fin, sans finitude, sans achèvement, cette vie sans cesse étirée par une mort toujours repoussée (mais non vaincue) que nous prédit le trans-humanisme (mais pour qui ?). Mais surtout cette vie sans fin, cette vie sans finalité, sans accomplissement, cette vie sans but, c'est vie « à perpétuité » qui n'a rien à voir avec la vie éternelle. Prendre soin de Toi en moi chaque soir, en m’abandonnant à Toi car il faudra bien qu'un jour je remette toute ma vie entre Tes mains, et me réveiller chaque matin avec Ton visage, ce même visage qui m’accueillera à mon éveil à la vie véritable. Prendre soin de Toi en moi parce que mon avenir et ma vocation c'est Toi, mon doux et tendre Jésus, et que la vie sur terre avec Toi se remplit de sens et devient simple et belle. (…)


Prendre soin de Toi en moi parce que s’il y a un peu de Toi en moi, il y aura aussi un peu d'amour, pas de cet « amour de luxe » dont je fais mes délices, fier de l'élévation de mes sentiments, « mais d'un amour utilisable dans la modeste pratique quotidienne » afin que « dans mes actions et mes sensations quotidiennes les plus infimes se glisse un soupçon d'éternité ». Prendre soin de Toi en moi pour essayer de donner au monde un peu de Ta tendresse. (…)


Prendre soin de Toi moi parce qu' « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits il y a Dieu. Parfois je parviens à l’atteindre. Mais plus souvent des pierres et des gravats obstruent ce puits, et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre au jour. » Parce que « C'est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c'est aussi la seule chose qui compte : un peu de Toi en nous, mon Dieu. » (…)


Prendre soin de Toi en moi, parce que la seule chose que je puisse Te donner c'est un peu d'amour humain, si misérable au regard de la somptuosité de l'amour divin que Tu répands sur moi… Parce que plus Tu me combles, plus Tu creuses mon désir et que je voudrais que Tu m'envahisses afin de pouvoir dire avec saint Paul :« Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi »… Mais il y a tant de parties de moi qui se refusent à Toi ! Alors il faut encore me laisser humblement, longuement, modeler par Toi, comme le rocher le plus dur, me laisser chaque jour polir par l’eau de ta grâce. Prendre soin de Toi en moi.

Homélie d'Origène (+ 253), Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 10, 9-10, GCS 10, 10-11

A l'homme qui recherche de belles perles (Mt 13,45), il faut appliquer les paroles suivantes : Cherchez et vous trouverez, et : Celui qui cherche, trouve (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter cherchez et celui qui cherche, trouve" ? Disons-le sans hésiter : aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l'homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit : J'ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ (Ph 3,8). Par le mot tout il entend les belles perles, et par gagner le Christ l'unique perle de grand prix.


Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres (Lc 1,79) et qui en ont besoin (cf. Ap 22,5) jusqu'au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (cf. 2Co 3,7) (et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes). Elle est belle à voir, et elle nous aide à progresser jusqu'à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Mais ce qui a été glorieux de cette manière partielle, ne l'est plus, parce qu'il y a maintenant une gloire suréminente (2Co 3,10). Et nous avons besoin en un premier temps d'une gloire susceptible de disparaître devant la gloire suréminente, comme nous avons besoin d'une connaissance partielle qui disparaîtra quand viendra ce qui est parfait (1Co 13,10).


Donc toute âme qui est encore dans l'enfance et chemine vers la perfection (He 6,1) a besoin d'un pédagogue, d'économes et de tuteurs jusqu'à ce que s'instaure en elle la plénitude du temps (Ga 4,4). Ainsi, celui qui d'abord ne diffère en rien d'un esclave, bien qu'il soit maître de tout (Ga 4,1), sera finalement affranchi et recevra de la main du pédagogue, des économes et des tuteurs son patrimoine : celui-ci correspond à la perle de grand prix et à la perfection qui abolit ce qui est partiel (1Co 13,10). Il y parviendra lorsqu'il sera capable d'accéder à la prééminence de la connaissance du Christ (Ph 3,8), après s'y être préparé par les connaissances, s'il convient de les appeler ainsi, qui sont dépassées par la connaissance du Christ. <>


La Loi et les Prophètes parfaitement compris sont les rudiments qui nous conduisent à bien comprendre l'Évangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ


Prière

Seigneur notre Dieu, le don que tu nous fais est un trésor sans prix. Garde-nous de lui préférer des biens éphémères, libère notre coeur et rends-le capable de tout sacrifier pour obtenir le Royaume des cieux. Par Jésus Christ.

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