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Jeudi, 3e semaine de Carême

Ils ont raidi leur nuque -



American Gothic,

Grant Wood (Anamosa, 1891 - Iowa City, 1942),

Huile sur isorel mou, 78 x 65,3 cm, 1930,

Art Instituteur of Chicago, Chicago (U.S.A.)


Lecture du livre du prophète Jérémie (Jr 7, 23-28)

Ainsi parle le Seigneur : Voici l’ordre que j’ai donné à vos pères : « Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux. » Mais ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont suivi les mauvais penchants de leur cœur endurci ; ils ont tourné leur dos et non leur visage. Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d’Égypte jusqu’à ce jour, j’ai envoyé vers vous, inlassablement, tous mes serviteurs les prophètes. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été pires que leurs pères. Tu leur diras toutes ces paroles, et ils ne t’écouteront pas. Tu les appelleras, et ils ne te répondront pas. Alors, tu leur diras : « Voilà bien la nation qui n’a pas écouté la voix du Seigneur son Dieu, et n’a pas accepté de leçon ! La vérité s’est perdue, elle a disparu de leur bouche. »


Méditation

J’ai toujours été autant impressionné que rebuté par cette peinture. Impressionné car on dirait presque une photo sépia, souvenir nostalgique d’un temps perdu. Rebuté parce que tous les deux ne respirent ni la joie, ni l’épanouissement ! On sent plus le couple « coincé » qu’heureux. Je n’ose imaginer les longues soirées d’hiver... De fait, ils ont la nuque raide, comme le dit le prophète.


Pourtant, avant de leur jeter la pierre, il serait de bon goût de nous regarder dans le miroir. La paille que je vois dans leur œil (ou la fourche qui raidit leur dos) est-elle moindre que toute l’architecture que j’ai pu me bâtir dans la vie ? En plus de mon squelette naturel, ne me suis-je pas construit, année après année, un exosquelette que je donne à voir aux autres ?


Exo : en dehors. Le squelette d’une morale bien rigide, bien organisée et surtout bien pensante. Je ne peux que vous inviter à lire un bouleversant petit livre de Sébastien Lapaque, Georges Bernanos, encore une fois, où il souligne que pour le romancier, la bien-pensance est une affaire d’adultes rabougris et sans âme. Seule l’enfance (et l’esprit d’enfance cher à Thérèse de Lisieux) rend la vie belle et permet d’assouplir la nuque pour contempler le Royaume des Cieux.


Ne soyons donc pas pires que nos pères... Assouplissons notre nuque (osons courber l’échine devant la grâce), prêtons l’oreille à la Parole de Dieu, laissons Dieu briser la gangue qui enserre nos cœurs. Et surtout, visage souriant et regard franc, faisons face à la sainte Face.

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