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Lundi, 32e semaine du T.O. — année impaire

Les pensées tortueuses éloignent de Dieu -



Labyrinthe,

Anonyme,

Codex Théodosien, Manuscrit Latin 4416, folio 35r,

Enluminure sur parchemin, IXe siècle,

Bibliothèque Nationale de France, Paris (France)


Lecture du livre de la Sagesse (Sg 1, 1-7)

Aimez la justice, vous qui gouvernez la terre, ayez sur le Seigneur des pensées droites, cherchez-le avec un cœur simple, car il se laisse trouver par ceux qui ne le mettent pas à l’épreuve, il se manifeste à ceux qui ne refusent pas de croire en lui. Les pensées tortueuses éloignent de Dieu, et sa puissance confond les insensés qui la provoquent. Car la Sagesse ne peut entrer dans une âme qui veut le mal, ni habiter dans un corps asservi au péché. L’Esprit saint, éducateur des hommes, fuit l’hypocrisie, il se détourne des projets sans intelligence, quand survient l’injustice, il la confond. La Sagesse est un esprit ami des hommes, mais elle ne laissera pas le blasphémateur impuni pour ses paroles ; car Dieu scrute ses reins, avec clairvoyance il observe son cœur, il écoute les propos de sa bouche. L’esprit du Seigneur remplit l’univers : lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix.


Méditation

Les pensées tortueuses éloignent de Dieu, nous dit le livre de la Sagesse. Comment comprendre cette sentence ? Si ce n’est déjà en regardant cette enluminure. Au centre, une sorte de centaure au corps de lion et au buste de femme, semble avaler un homoncule, une âme. Elle est au centre de ce dédale constitué par le corps de cet animal (un chien) qui s’enroule sur lui-même, et dont la gorge est constituée d’une porte grande ouverte qui mène celui qui s’y engage dans un labyrinthe inextricable. Est-ce l’image d’une pensée tortueuse qui finirait par se perdre dans ce dédale et verrait son âme engloutie par quelque chimère ? Fort possible ! Car nos pensées sont souvent très tourmentées, faites de circonvolutions. À un tel point que nous démarrons d’une question pour en arriver à une réponse qui n’a rien à voir. Vous connaissez tous ce jeu de concaténation de mots : marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de traie, trait de crayon, crayon de bois, etc. Notre esprit fait souvent la même chose. Et nous en arrivons à une réponse sans rapport avec la question. Mais, en fait, faut-il impérativement trouver une réponse à toutes nos questions ? Ces réponses ne nous sont-elles pas déjà données ? En effet, le problème est que nous voulons les formuler nous-mêmes, en être les inventeurs et les propriétaires, les saisir au lieu de les recevoir, au lieu de se les approprier. Malheureusement notre orgueil prend souvent le dessus !


Que nous dit le livre de la Sagesse ? Vous vous demandez quelle attitude avoir dans telle ou telle circonstance ? Ce n’est pas compliqué : aimez la justice, cherchez Dieu avec un coeur simple, ne le mettez pas à l’épreuve, fuyez l’hypocrisie. Saint Paul dira la même chose dans l’épître aux Romains (Rm 12, 9) : « Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. »


Nous pourrions aussi dire qu’avant de chercher, en nous torturant la cervelle, des réponses souvent impossibles, nous devrions d’abord recevoir celles qui nous viennent de la Sagesse, de l’Esprit-Saint. C’est ce qu’explique la fin du texte : « La Sagesse est un esprit ami des hommes, mais elle ne laissera pas le blasphémateur impuni pour ses paroles ; car Dieu scrute ses reins, avec clairvoyance il observe son cœur, il écoute les propos de sa bouche. L’esprit du Seigneur remplit l’univers : lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix. » Cet Esprit, notre ami comme l’appelait le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, nous insufflera les bonnes réponses. Jésus nous en avait averti (Jn 14, 16-17) : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » Et plus loin (Jn 16, 13-15) : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » C’est bien ce même Esprit, celui qui va aussi scruter nos reins et nos cœurs, et qui nous inspirera les réponses qu’il faut.


Et comme cet Esprit de sagesse entend toutes les voix, la vraie question est de savoir si nous lui demandons véritablement de nous inspirer, si nous l’appelons à l’aide ! Les orthodoxes commencent tous les offices liturgiques par une courte prière à l’Esprit-Saint que je vous laisse comme clé pour sortir du labyrinthe des pensées tortueuses et comme porte vers la paix divine :


Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité,

toi qui es partout présent et qui remplis tout,

trésor des biens et donateur de vie,

viens, fais ta demeure en nous,

purifie-nous de toute souillure,

et sauve nos âmes, toi qui es bon.

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