Hypocrites !
Lavage des plats
Charles Courtney Curran (1861, Hartford - New-York, 1942)
Huile sur toile, 56,52 x 46,36 cm, 1907
Collection privée
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 23-26)
En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste. Guides aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance ! Pharisien aveugle, purifie d’abord l’intérieur de la coupe, afin que l’extérieur aussi devienne pur. »
Méditation
Il me semble avoir déjà expliqué que le mot « hypocrisie » trouvait son origine dans le théâtre : c’est un jeu de l’acteur, une feinte, un faux-semblant. Et c’est bien ce que reproche Jésus aux Pharisiens : le faux-semblant, faire croire qu’on fait les choses que l’on annonce alors qu’à l’inverse, on ne les respecte pas soi-même. Mais pourquoi avoir une telle attitude qui doit créer malgré tout une certaine dichotomie intérieure, voire une sorte de schizophrénie ? La réponse est dans le texte : s’ils font ça, c’est que leur désir intérieur n’est que cupidité et intempérance. La cupidité est ce désir impérieux, avide qui fait bouillir le cœur de l’homme, au point de ne savoir résister à la pression. Cupide par avidité de l’argent, mais aussi d’honneurs, pour ne pas dire de renommée : « Regardez comme je suis quelqu’un de bien ! » Là encore, faux-semblant... Et l’intempérance. Si l’on en reprend l’étymologie, l’intempérant est celui qui vit un état intérieur déréglé, comme les intempéries de la météo, alors que nous aimerions un climat égal, tempéré. Si encore leur cupidité était avérée et continue... Si encore ils étaient tempérés dans leur bêtises ! Mais non, un jour c’est oui et le lendemain, c’est non. Peut-être à cause du bénéfice qu’ils peuvent en tirer, ou alors parce que des bribes de conscience agissent encore... Allez savoir ! Alors, que nous demande Jésus pour éviter de tomber dans ces travers qu’il dénonce ? Simplement trois choses : justice, miséricorde et fidélité. Justice, non dans dans le sens habituel que nous lui donnons, mais une justice qui s’ajuste à l’homme ; une justice de justesse. Une miséricorde, qui ne peut que s’accorder à ce sens de la justice ; c’est-à-dire : avoir des entrailles de mère. Ne jamais oublier que derrière le bien et le mal, derrière la justice, il y a l’homme, et c’est lui le plus important, l’être qui vit. Et enfin la fidélité. N’est-ce pas le contraire de l’intempérance ? Celui qui est fidèle, qui a foi en son Dieu, qui a confiance en Lui, celui-là suit les chemins de Dieu, ne s’en écarte pas et fait preuve de tempérance, tout en étant miséricordieux pour ses frères, dans la justice de Dieu. Qu’il en soit ainsi... Plutôt moucheron que chameau !