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Vendredi, 24e semaine du T.O. — année impaire

Le piège de la tentation



L’aveuglement et la cupidité chassent la joie de la cité

Evelyn de Morgan (Londres, 1855 - Londres, 1919)

Huile sur toile, 96,5 x 138,4 cm, 1897

De Morgan Center, Wandsworth (Royaume-Uni)


Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée (1 Tm 6, 2c-12)

Bien-aimé, voilà ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété, un tel homme est aveuglé par l’orgueil, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. De tout cela, il ne sort que jalousie, rivalité, blasphèmes, soupçons malveillants, disputes interminables de gens à l’intelligence corrompue, qui sont coupés de la vérité et ne voient dans la religion qu’une source de profit. Certes, il y a un grand profit dans la religion si l’on se contente de ce que l’on a. De même que nous n’avons rien apporté dans ce monde, nous n’en pourrons rien emporter. Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre. Mais toi, homme de Dieu, fuis tout cela ; recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.


Méditation

L’aveuglement et la joie sont enchaînés… Une chaîne hérissée de pointes acérées. Un aveugle qui ne se laisse guider qu’aux jappements des chiens et qui va se heurter à la grille qui ferme la ville. Une cupidité vêtue de ses plus beaux atours, la tête ceinte d’une couronne d’or, et les richesses retenues dans les plis du vêtement. La cupidité s’accroche désespérément à l’aveugle, qui, pourtant, ne l’amène qu’à sa perte. Elle n’ouvre même pas les yeux, hormis peut-être sur ses trésors de vanité. Et ces deux comparses, guidés par ses chiens hargneux, évincent de la cité la joie qui s’envole vers d’autres cieux.


Evelyn de Morgan semble avoir médité la lettre de Paul ! Sinon, son expérience en a tiré les mêmes conclusions. Oui, l’orgueil aveugle. Il aveugle sur les autres que l’on ne voit que comme des sous-fifres incapables de s’élever jusqu’à nous, indignes de partager notre gloire. L’orgueil aveugle aussi sur nous-mêmes : impossible d’avoir un regard lucide sur sa propre personne… Paul a raison : « Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété, un tel homme est aveuglé par l’orgueil, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. » Et cet orgueilleux aveugle chasse la joie, le soupçonnant d’abattre son pouvoir, de créer des rivalités. Mieux vaut, à ses yeux, un monde triste, mais un monde qu’il tient en main. Tout est toujours questions de pouvoir et de possession…


Quant à la cupidité, elle n’a pas entendu les recommandations de Paul : « Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre. » Impossible de se contenter : elle veut toujours plus. Et elle serre ses doigts avides sur son trésor ; trésor qu’elle n’emportera pourtant pas au Paradis ! Elle veut se rassurer. Plus elle possède, plus elle a l’impression qu’elle pourra faire face. Tel cet homme riche de l’évangile (Lc 12, 16-21) : « Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » Il croyait être maître de ses biens… Il en est devenu esclave ! Au point d’en être tourmenté et d’oublier la simple sagesse populaire : « pas de sous… pas de soucis ! »


L’histoire a des hoquets. Voici vingt siècles que Jésus, puis Paul nous ont prévenus, et nous n’avons pas encore compris, les doigts serrés sur nos richesses, les yeux vrillés sur notre propre personne. Au point que les tragédies se sont succédé en vingt siècles. Et toutes trouvent leurs sources dans les deux mêmes péchés : soif d’un pouvoir orgueilleux et faim de richesses intarissables. Ne nous leurrons pas : ça nous guette tous !


Alors, écoutons de nouveau saint Paul : « Mais toi, homme de Dieu, fuis tout cela ; recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins. » Pourquoi ne pas graver ces versets sur notre porte ? Ou sur notre portable !


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