C’est ta face que je cherche
Le voile de Véronique
Jean-Baptiste de Champaigne (Bruxelles, 1631 - Paris, 1681)
Huile sur toile, 65 x 54 cm
Musée des Beaux-Arts, Caen (France)
Psaume 26
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?
Qu’une armée se déploie devant moi,
mon cœur est sans crainte ;
que la bataille s’engage contre moi,
je garde confiance.
Oui, il me réserve un lieu sûr
au jour du malheur ;
il me cache au plus secret de sa tente,
il m’élève sur le roc.
C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère :
tu restes mon secours.
Méditation
Jean-Baptiste de Champaigne est le neveu de Philippe, plus connu. Mais son oeuvre est d’autant plus intéressante qu’elle est occultée par celle de son oncle. Et l’interprétation que nous avons ici du voile de Véronique, peint aussi par Philippe (voir ci-dessous) me semble emprunte de plus de force. Le regard du Christ (sans sa couronne d’épines) est un véritable appel, une question que Jésus me pose. Cette toile n’illustre-t-elle pas le discours du psalmiste ? Ce voile n’est-il pas la tente où Dieu nous met au secret pour échapper à l’ennemi ? L’Orient a certainement beaucoup plus mis en image le regard du Christ que notre art occidental. La peinture y est peut-être plus spirituelle que religieuse, s’adressant prioritairement à l’âme, avant l’intellect. Pourtant c’est ce regard du Christ qui nous attire aujourd’hui. Et même plus que le regard, le visage de Jésus. Un visage qui nous contemple amoureusement, sans nous juger, mais qui atteste de la confiance qu'il nous fait. Ce regard est le lieu sûr dont parle le psaume. En contemplant cette Sainte-Face, nous pouvons, nous aussi, proclamer : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? »
